La dépendance aux films pornographique est un motif de consultation en sexologie de plus en plus fréquent. À travers la lecture de cet article, je vous invite à redéfinir la pornographie en tant que telle, les causes et conséquences qui vous poussent à succomber à la tentation et des pistes de servage.
1. La naissance de la pornographie
Dans les années 1920 - 1930, Les courts métrage de pornographie, c’étaient initialement des séquences diffusées au sein des maisons closes pour divertir les clients. Ces courtes scènettes érotique divertissantes réveillaient le potentiel aphrodisiaque de l’homme ayant besoin de ce processus pour mettre en marche son processus biologique et mécanique pour se diriger vers l’antre de la relation sexuelle tarifée.
Au tour début de son déploiement, la pornographie s’adresse exclusivement aux hommes, elle stimule leur potentiel aphrodisiaque, éveille l’imaginaire (fantasmes), conduit vers le comportement érotique. Pour éveiller cette érotisme, chez l’homme, les publicistes, producteurs ont bien compris qu’il était nécessaire de se baser sur la réceptivité féminine, c’est à dire qu’elle doit cultiver une position d’ouverture (jambes écartées, bouche ouverte, tête en arrière, bras en l’air…).
Le constat que l’on peut faire, c’est que la pornographie a évolué, c’est complètement modifiée pour devenir du consommable, rapide, gratuit, accessible 24 heures sur 24. Alors qu’auparavant, par exemple, dans les années 70 -80, c’était souvent un film complet qu’il fallait aller voir au cinéma, celui-ci n’était pas consommable dans l’immédiat, il mettait en scène la rencontre, le jeu de la séduction, la tendresse, le sentiment amoureux, le désir qui montait et se diriger vers l’acte sexuel. Dorénavant, plus de scène de séduction, direct à l’acte, analogue au comportement animal, dénoué de morale et d’interdit.
La femme et sa consommation de films pornographique : faisons le point ?
Selon une étude réalisée en 2024, par une étudiante à l’UFR de Besançon sur la pornographie et l’évolution des modes de consommation, sur 218 femmes interrogées, 125 avaient déjà consommé de la pornographie en ligne au cours de leur vie (57,34 %). La pornographie qui était exclusivement réservé aux hommes se démocratise. Ce qui montre que la femme consomme ce type de support, qu’elle a peut-être elle-aussi besoin dans ce monde où le temps consacré à la relation devient de plus en plus éphémère, qu’elle adopte aussi via son émancipation, son autonomie, son indépendance en tout point un comportement sexuel qui était exclusivement réservé au genre masculin.
De nos jours, avec internet et l’accessibilité rapide, immédiate et gratuite, on assiste à la naissance de films pornographiques de plus en plus violent, obscène, hors-norme voir criminel, pourquoi? Le consommateur de ce type de scènette a besoin de visualiser des scènes de plus en plus trash afin de déclencher ce processus subconscient et organique en éveil, Sinon, l’ennui s’installe, de plus en plus fort pour parvenir à l’éclat émotionnel ou autrement dit la décharge ou orgasme.
Les jeunes et la pornographie
Contrairement à ce que pense les adultes expérimentés, les jeunes consomment ce type de scènes pour éveiller ce potentiel, cependant, ce qu’ils recherchent ce n’est pas un modèle de comportement sexuel, il recherche le sentiment amoureux et se détache assez facilement de ce type de scène. Alors plutôt que de prévenir, de donner des cours d’éducation à la sexualité, pourquoi ne pas enseigner, l’art de séduire, l’erotisme, de l’éveil émotionnel plutôt que de se concentrer sur cette fameuse gymnastique mettant en jeu ses organes sexuels. Avec la disparition des slows, les rencontres passent de plus en plus par le virtuel dépourvu de toute sensorialité, c’est un fait et nous devons en tant que professionnel nous y adapter, alors soyons les eveilleurs d’une vie sexuelle émotionnels riche.
Les séniors et la pornographie
Les séniors ne sont pas en reste dans leur consommation de films pornographiques. Selon un article paru sur « allo docteur », il est précisé qu’au Japon, des films X sont réservés aux seniors. La relation sexuelle n’a pas d’âge en soi, cependant, il ne faut pas négliger que les capacités érectiles, éjaculatoires, les modifications hormonales féminines ou masculines peuvent conduire à une évolution de leur sexualité, davantage centrée sur l’affection et le sentiment. La pratique du tantrisme ou du slow-sex peut être une perspective quand les relations ou rapprochements sexuels sont en perdition. La pénétration n’est plus le seul objectif, le plaisir peut advenir par d’autres chemins entre érotisme, spiritualité, tout un art que le couple sénior peut investiguer. Le film X permettra à l’homme ou la femme de mettre en jeu ces fantasmes qu’il ou elle réalisait auparavant vers la route de l’aphrodisiaque, il pourra être source d’inspiration dans leur prochains échanges.
Conclusion: La pornographie est empreinte de nos histoires, de l’évolution de nos sociétés, de nos changements culturels, sociétaux, politique ou religieux: tout ces déterminants ont fait évoluer le film X vers le consommable rapidement, le violent, signe que notre société perd de vue la relation sentimentale, amoureuse, érotique, que la morale s’effiloche et l’interdit se dépasse. Une société en perte de sens et de repères.
2. Les causes et conséquences qui vous poussent à succomber à la tentation
Les causes de cette addiction
Le célibat qui pèse : Selon une enquête de « Au féminin » en janvier 2028, les hommes célibataires consomment 3 fois par semaine du porno. L’accès à ce type de support est rapide et ne nécessite aucun effort de rencontre, ne met pas en jeu ses capacités de séduction. Via ce visionnage, il met en route ses capacités mécaniques, organiques dépourvues du sentiment amoureux
Une identité sexuelle indéterminée ; La pornographie d’aujourd’hui permet aux hommes ou femmes de mettre en jeu leur fantasmes, en sachant qu’ils peuvent se trouver face à un dilemme psychique lorsqu’il perçoivent qu’ils sont plus sensibles, réactifs ou réactives à certaines scènes. En aucun cas, ce visionnage ne détermine votre identité, il s’agit pour souvent la réalisation de fantasmes non réalisables qui provoquent une excitation. Les fantasmes ne déterminent pas qui vous êtes, ce sont des pensées excitantes qui provoquent une augmentation de votre libido et de votre désir.
Un stress, une anxiété ingérable : La pratique de la masturbation ou de l’auto-stimulation sont pourvoyeurs de bonnes hormones; telles que la dopamine (joie, bonheur), les endorphines (anti-douleur, soulagement) en activant au sein de votre cerveau le système para-sympathique de votre système nerveux autonome et en diminuant les hormones du stress sécrétées par le système sympathique, qui n’est en fin de compte pas tellement sympathique, tel que le cortisol ou l’adrénaline. Par conséquent, les addicts sexuels en consommant ce type de support mettent en jeu le circuit de la récompense, en libérant des hormones bienfaitrices. Cependant le piège de cette consommation excessive, du fait d’une instabilité émotionnelle, des conflits intra-psychiques, une situation de vie difficile, conduira la personne à devenir dépendant, elle se verra dans l’obligation de consommer encore plus de support pour atteindre l’éclat émotionnel et tombera dans la spirale infernale de l’addiction.
Des problèmes d’ordre professionnel, un burn-out : en tant que bio-sexologue, je m’éloigne complètement des bases thérapeutiques de la sexologie fonctionnelle, clinique développée par Masters et Johnson (dans les années 60). La personne qui se présente pour ce type de dysfonction est baignée, imprégnée par son environnement. Celui-ci agit fortement sur sa capacité à contrôler son excitation, ses désirs, ses envies qui deviennent des besoins au même titre que s’alimenter, dormir, se laver pour assurer sa survivance. Il est dont primordial de s’attarder sur la qualité des domaines de vie du plaignant ou de la plaignante: son couple, sa vie personnelle, sa vie professionnelle, ses loisirs, passions, sa vie sociale….
Une sexualité hors-norme : Les personnes que l’on peut considérer comme hors-normes pourront assouvir leur fantasmes qui sont réalisables à leurs yeux via la consommation de ce type de support. En sachant que celle-ci peut être du ressort de la criminalité donc, la pornographie peut fleurer avec l’illégalité.
Une absence de relation sexuée au sein du couple : l’espace du couple peut être complètement laissé pour compte, des années de vie commune, une monotonie qui s’installe, les enfants, le boulot, les conflits récurrents, le manque de communication peuvent conduire à une espacement des relations sexuelles voir à une disparition complète. Alors le partenaire ou la partenaire se réfugiera vers la pornographie pour vivre cet éclat émotionnel en solitaire.
Une maladie psychique… La bipolarité, la schizophrènie, les troubles de l’identité, les troubles de l’attention adulte, peuvent conduire à une consommation excessive de ce type de support du fait d’une instabilité psychique, émotionnnelle…
Une dysfonction érectile, de l’ éjaculation: L’homme souffrant de ce type de dysfonction essayera de se convaincre qu’il peut être performant, afin d’ôter son anxiété de performance, il peut advenir un consommateur addict de ce type de support. Cependant, vu le temps des scénettes pornographiques, cela le conduira manifestement à conforter sa dysfonction et l’enlisera encore davantage dans son symptôme.
Une maladie L’isolement, les traitements lourds, les maladies touchant le système génital peuvent conduire à cette consommation excessive. Dans ces situations, il est important d’en parler au corps médical afin d’être orienté vers une prise en charge en sexologie adaptée plutôt que de rester avec ces problématiques et questionnements, le repli sur soi n’a jamais été porteur de bonheur et d’épanouissement.
Les conséquences
Honte et culpabilité puissante : Le fait de regarder des films pornographique peut être considéré par le consommateur ou le partenaire qui découvre cette addiction comme une trahison, une infidélité virtuelle. Au même titre qu’une infidélité réelle, il engendra honte et culpabilité permanente.
Une perdition des contacts sociaux, un repli sur soi : Le fait que nous vivons dans une société où Internet, les réseaux sociaux ont pris une importance non négligeable, la personne peut se livrer à la consommation de films pornographiques qui lui permettront de se sentir homme ou femme sans avoir l’obligation de rencontrer, converser, séduire pour aller jusqu’à l’acte sexuel.
Une sensation de manque, de vide : Lorsque la personne est dépendante au films pornographiques, il ou elle sentira les mêmes sensations qu’une personne souffrant d’addiction à l’alcool ou drogues. Il arrivera au point que sans cette consommation, il ou elle ne peut exister, que la vie est trop dûre et que par cette pratique il ou elle se sent vivant à ce moment. Par conséquent, le sentiment de manque, de vie existentiel fera son apparition si cette consommation devient addictive.
Un désir qui bascule en besoin : Le désir se caractérise par la motivation à aller vers la relation sexuelle, il peut être satisfait ou non. Alors que le besoin est essentiel à notre existence. Prenons l’analogie à la nourriture, vous pensez devant une boulangerie, vous observez un gâteau au chocolat, si vous êtes d’un naturel gourmand ou gourmande, vous allez éprouver du désir mais sans forcément rentrer dans la boulangerie pour succomber. Alors que l’addict au sucre, ne pourra résister et sera pousser par une envie viscérale à rentrer dans cette boulangerie et acheter ce gâteau.
Une augmentation de la consommation pour atteindre l’extase : L’addict sexuel met en jeu le circuit de la récompense, il aura besoin d’augmenter la dose pour se sentir bien, comme un dépendant à l’alcool, il pourra même ne plus se respecter pour atteindre ce fameux niveau de jouissance, de libération intérieure
Une envie irrésistible de calquer ces scénarios dans le réel : le dépendant sexuel aura tendance à vouloir mettre en jeu les scènes qui lui auront permis d’être performant, de ressentir du plaisir, alors qu’il aura tout faux, ces conduites ne traduisent en aucun cas le réel.
Une violence physique, morale qui s’accroît : Le dépendant sexuel pourra s’affliger cette propre violence ou l’affligera aux autres pour se déculpabiliser de son comportement, pour s’humilier davantage en humiliant l’autre.
Une détresse psychique : Le dépendant sexuel n’arrive pas à gérer ses émotions, sans cesse, parcouru par des idées qui parasites son cerveau, seule cette activité lui permet de se sentir un cour instant libre de ces démons intérieurs.
Des troubles physiologiques (sommeil, alimentation) L’addict sexuel oubliera de s’alimenter, de dormir, il sera tellement addict que le cycle biologique sera oublié complètement, il ou elle finira même à se rendre au travail ou n’ira pas chercher les enfants à l’école. Un cercle vicieux s’installera.
L’objet addict vous permet d’exister : la relation sexuelle n’est plus un échange entre deux personnes, elle devient objet, c’est à dire qu’elle vous permet de tester votre mécanique, de vous conforter dans le fait que biologiquement cela fonctionne mais émotionnellement, c’est tout le contraire.
La sensation de s’enliser, de ne plus pouvoir s’en détacher : Les heures défilent et vous n’arrivez plus à vous en détacher, voici le début de l’addiction qui s’installe, plus rien d’autre n’a d’importance à vos yeux.
La tristesse, les idées noires emparent votre quotidien : cette addiction vous fait exister peu de temps en somme, en sécrétant sur une courte durée dopamine.
3. Les pistes de sevrage
Les thérapies cognitives et comportementales
Ce type de thérapie vous invite à compléter les mécanismes en jeu, les conflits intra psychologiques qui vous conduisent vers le cercle vicieux de la consommation addictive. Des outils vous invitent à travailler sur une pensée adaptative pour contourner le piège.
La sophrologie
Le dépendant à la sexualité ne sait pas gérer son stress, ses émotions deviennent indomptables, face à ces montagnes russes émotionnelles, la sophrologie est une pratique centrée sur la conscience, vous invite à lâcher-prise, trouver vos propres ressources pour sortir de cette spirale infernale.
La sexologie
L’addict est perdu dans ses représentations, il a perdu de vue la sexualité épanouissante et riche émotionnellement. Cette sexologie est devenue un besoin vital, Alors, il est temps de réécrire une nouvelle page de sa sexualité riche sur le plan intellectuel, émotionnel et aphrodisiaque. L’accompagnement sera centré sur la connaissance, le corps et la psyché.
Le suivi psychiatrique
Le recours à la castration chimique temporaire est souvent nécessaire couplée à un accompagnement en psychologie, sophrologie et sexologie et les groupes de parole.
4. Les conseils que vous pouvez appliquer dès maintenant si vous souffrez de cette addiction
Reprenez le sport, la musculation, la boxe, peu importe, l’objectif est double, vous redevenez fier de vote corps, vous renouez le dialogue avec lui, tellement malmené et délaissé, et vous sécrétez les mêmes hormones que lorsque vous assouvissez cette consolation de porno. Vous aurez également des bienfaits au niveau mental, vous retrouvez des contacts sociaux, vous sortez de ce cercle infernal
Planifiez votre journée dans les moindres détails et tenez vous à ce planning, afin de satisfaire en priorité vos besoins physiologiques, rééquilibrer votre horloge biologique, être présent et conscient.
Repérerez les moments, les rituels que vous avez mis en place pour consommer du porno et essayer de contourner cette activité en lisant, en échangeant avec vos enfants, …
Le dernier conseil qui marche selon la parole d’anciens addicts est la douche froide ou le bain froid.
Conclusion: Vous êtes victime de votre addiction et non coupable, des solutions existent, il suffit de trouver celle qui vous correspondra. Cependant, il me semble nécessaire que celle-ci doit être prise en charge par une équipe pluridisciplinaires sexologue, addictologue, psychiatre, psychologue, sophrologue, acupuncteur…
